C’est le premier motif de consultation gynécologique : la vulvodynie. Douleur intime permanente ou occasionnelle, elle est décrite comme une sensation de brûlure intense, de déchirement, d’hypersensibilité de la région vulvaire. Quelles sont les causes, les symptômes et la prise en charge de la vulvodynie ? Voici nos réponses.
Qu’est-ce que la vulvodynie ?
On la connaît mal et on en parle peu. La vulvodynie concernerait pourtant une femme sur six. Il s’agit d’une douleur persistante de la vulve de plus de trois mois sans cause identifiable. Un trouble sexuel pouvant aller de la simple gêne à une grande souffrance. En cas de vulvodynie, le cerveau envoie un signal de douleur, sans raison apparente. La vulvodynie peut être spontanée et sans aucun contact, ou survenir à la suite d’un contact : rapports sexuels, contacts avec un vêtement, une protection périodique ou un examen gynécologique. Ce trouble peut concerner la vulve dans son intégralité ou une partie seulement appelée le vestibule.
Les symptômes de la vulvodynie
Les symptômes de la vulvodynie peuvent varier d’une personne à l’autre, mais ils comprennent généralement les manifestations suivantes :
Douleur, brûlure ou picotement dans la région vulvaire
Sensibilité accrue de la vulve pouvant rendre les rapports sexuels, le port de vêtements serrés ou toute autre pression sur la région vulvaire très douloureux
Rougeur ou enflure de la vulve
Démangeaisons ou irritation
Sensation de déchirement pendant la pénétration, de coupure, de lame de rasoir
Des troubles associés peuvent apparaître :
Envie fréquente d’uriner
Douleurs au bas du ventre
Fibromyalgie
Syndrome du côlon irritable
Les causes de la vulvodynie
Si les facteurs déclenchant de la vulvodynie ne sont pas encore complètement compris par le corps médical, il existe plusieurs éléments qui peuvent contribuer à l’apparition de ce trouble sexuel :
Une sensibilité nerveuse accrue : Chez certaines femmes, les nerfs de la région vulvaire peuvent être hypersensibles, entraînant une douleur accrue en réponse à des stimuli pourtant normaux.
Un dysfonctionnement du système nerveux : Des neuropathies ou un déséquilibre des neurotransmetteurs peuvent favoriser l'apparition de la vulvodynie.
Des facteurs hormonaux : Des fluctuations hormonales, telles que celles qui se produisent pendant le cycle menstruel ou à la ménopause, peuvent jouer un rôle dans le développement de la vulvodynie.
Des infections génitales : herpès, papillomavirus, mycoses, etc.
Une prise d’antibiotiques mal tolérée.
Les règles : La fluctuation hormonale et/ou les douleurs menstruelles sont souvent corrélées à la survenue de douleurs vulvaires.
Des facteurs psychologiques : Burnout, dépression, dépréciation de soi-même, troubles alimentaires, relations toxiques, deuil, rupture sont autant de facteurs qui peuvent favoriser l'apparition de la vulvodynie.
Des troubles musculo-squelettiques : Tensions musculaires ou spasmes du plancher pelvien peuvent contribuer à la douleur vulvaire.
Des antécédents gynécologiques : Un accouchement traumatique avec épisiotomie, déchirure, utilisation d’instruments peut déclencher une vulvodynie, même des années plus tard. C’est également le cas après une chirurgie gynécologique.
Une agression sexuelle : Le stress post-traumatique généré par une agression sexuelle et/ou un viol peut contribuer à développer une vulvodynie.
Les pressions mécaniques localisées : Si la vulvodynie est localisée, la douleur n’est présente qu’à un seul endroit. C’est la pression exercée sur le vestibule qui fait alors souffrir, comme dans certaines pratiques (vélo, rapports sexuels, position assise prolongée, pantalons près du corps, insertion d’un tampon périodique…)
Les mauvaises pratiques : Un excès d’hygiène intime avec des produits agressifs pour la flore vaginale, ou à l’inverse une hygiène intime bâclée notamment aux toilettes peuvent favoriser les douleurs intimes.
Tous ces symptômes doivent être pris au sérieux car ils peuvent gâcher le quotidien des personnes qui en souffrent. Mal ou pas traitée, la vulvodynie peut notamment entraîner l'apparition du vaginisme.
Comment poser un diagnostic de vulvodynie
Diagnostiquer une vulvodynie n’est pas simple. De nombreuses femmes s'entendent dire qu’il s’agit d’un trouble psycho-somatique car il est impossible d’observer quoi que ce soit au niveau physique. À ce jour, il n’existe pas de traitement médical dédié à la vulvodynie. Les causes de ce trouble étant particulièrement nombreuses, il existe toutefois de multiples façons d’apprendre à vivre avec, voire de la faire disparaître. Ayez en tête que la patience, la persévérance et la confiance seront nécessaires pour apprivoiser cette douleur.
Pour cela, il est essentiel de consulter un.e professionnel.le de santé :
Le.a gynécologue : C’est le médecin de référence ! Lui seul pourra exclure des causes organiques telles que mycoses, cystites, vaginites, etc. grâce à un examen clinique et examen gynécologique.
Le.a médecin généraliste : De plus en plus de médecins de famille sont formés à la sphère gynécologique, n’hésitez pas à les consulter ! De plus, le généraliste pourra vous orienter vers un spécialiste et assurer le suivi de votre dossier.
La sage femme et le.a kinésithérapeute : Ces deux professionnels de santé sont en mesure de pratiquer une rééducation du périnée si nécessaire. Et cela ne concerne pas uniquement les personnes qui viennent d’accoucher ! Pour celles.ceux souffrant de vulvodynie, cette rééducation peut-être d’une grande aide.
Le.a dermatologue : Il existe des dermatologues spécialisés dans les pathologies de la vulve. Au même titre que les gynécologues, ils seront en mesure de poser un diagnostic de vulvodynie et de prescrire un ou des traitements. Un examen de la région vulvaire pourra exclure des pathologies organiques comme une mycose, un herpès génital, un lichen ou une infection sexuellement transmissible.
Le.a psychologue, le.a psychiatre ou le.a sexologue : La vulvodynie engendre des douleurs physiques, mais également psychologiques. Il est important de ne pas négliger cet aspect de votre santé si vous souffrez. Ces spécialistes sont en mesure de vous apporter une aide et une écoute précieuse, pour améliorer votre qualité de vie et ça même si les douleurs continues.
Rappelez-vous que seul un médecin peut poser un diagnostic de vulvodynie. Dans un premier temps, il faudra écarter les causes dites organiques : infection urinaire, mycose, herpès génital, maladie sexuellement transmissible, cancer, etc.
Grâce au test du coton tige, également appelé “Q-tip test”, le praticien, souvent un gynécologue, pourra ensuite apprécier si le simple contact de celui-ci avec le vestibule déclenche ou non une douleur. Si c’est le cas, les médecins parlent de “douleur exquise” : le terme peut sembler étrange, mais il signifie littéralement que cette douleur est particulièrement localisée.
Premier motif de consultation gynécologique, la vulvodynie comprend la vestibulite, ou vestibulodynie. Dans ce cas, les douleurs sont localisées au niveau du vestibule, c'est-à-dire à l’entrée du vagin. Cette inflammation du vestibule est encore très mystérieuse pour la science et la recherche médicale. Selon certains médecins, ce trouble pourrait s’expliquer par des mycoses à répétition, un contraceptif oral pris trop jeune et/ou trop longtemps, des allergies ou encore des terminaisons nerveuses très nombreuses au niveau de la partie inférieure du vestibule.
La prise en charge de la vulvodynie
Bonne nouvelle : la vulvodynie se traite bien ! La prise en charge de cette pathologie est multiple :
Des médicaments tels que des crèmes ou des comprimés analgésiques peuvent être prescrits pour aider à soulager la douleur.
Une bonne hydratation de la muqueuse intime : cela peut être à l’aide de lanoline ou de vaseline, deux substances lubrifiantes qui ont également la capacité de diminuer la sensibilité cutanée. Sans oublier un lubrifiant pour les rapports sexuels, afin de limiter les douleurs liées à la pénétration. Un lubrifiant cbd peut également s’avérer utile dans ce cas.
Une thérapie physique peut aider à détendre les muscles du périnée et à réduire ainsi les tensions musculaires associées à la vulvodynie. Des séances de kinésithérapie, des cours de yoga et de sport seront d’une grande aide.
Une thérapie comportementale pour apprendre à gérer le stress, l'anxiété et la dépression, peut être proposée.
Un traitement hormonal basé sur des crèmes, des gels hormonaux et une contraception à base d'oestrogènes pour agir sur les fluctuations hormonales.
Une modification du mode de vie basée sur le choix de bons nettoyants intimes avec pH physiologique, une hygiène pas trop poussive de la région vulvaire, l’arrêt du port de vêtements trop serrés peut aider à réduire les symptômes de la vulvodynie.
Vous pensez souffrir de vulvodynie ? Ne tardez pas à consulter un.e médecin. Lui seul pourra établir un diagnostic et vous orienter vers des traitements adéquats. Parlez-en aussi sans tabou avec votre partenaire si vous êtes en couple car on ne le répétera jamais trop : la communication est essentielle face aux difficultés sexuelles ! Notamment si vos douleurs, qu'elles soient chroniques ou non, dégradent votre vie intime et vos relations sexuelles en solo ou en couple.
Sources : Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) Association Française d’Urologie (AFU) L’Assurance Maladie
Autrice : Caroline Bédi
Crédit photo : vivianhoorn