Sexe après accouchement : conseils pour une reprise en douceur et en confiance

Vous avez récemment accueilli un nouveau-né dans votre couple. Et l’arrivée de bébé est un véritable bouleversement pour chaque membre de la famille ! Entre baisse d’hormones et nuits hachées, le désir sexuel peut se faire discret. Vous vous sentez prêt·e à reprendre une vie intime ? On vous dit tout à propos du sexe après l’accouchement pour une reprise en douceur et en confiance !

Les conséquences d’un accouchement sur la sexualité

Le post-partum

Reprendre une activité sexuelle après la naissance de bébé n’est normalement pas compliqué, à moins que l’accouchement ne se soit pas bien passé ou qu’il ait été traumatisant et/ou nécessité une opération telle qu’une épisiotomie ou une césarienne. En moyenne, on considère qu’il est bon d’attendre environ 6 semaines avant de nouveaux rapports sexuels. Ce laps de temps correspond à la période dite du post-partum, c’est-à-dire le moment pendant lequel le corps de la jeune mère récupère de son accouchement.

Beaucoup de choses se jouent à cette période : l’utérus reprend une taille normale et retrouve sa place. Pour cela, il se contracte régulièrement, occasionnant des crampes qui peuvent être douloureuses. Le post-partum est également une période de cicatrisation des tissus, notamment vaginaux. Des saignements peuvent survenir pendant plusieurs jours, ressemblant à des règles abondantes. Quant au périnée, celui-ci est en phase de régénération. La grossesse, le poids du bébé et la naissance ont mis à mal ce plancher pelvien. Il est donc distendu post-accouchement, et peut être douloureux. C’est pour toutes ces raisons qu’il est important de le remuscler grâce à des séances de rééducation périnéale, après d’une sage femme ou d’un.e kinésitherapeute. 

Les facteurs psychologiques

Mettre au monde un enfant ne bouleverse pas que le corps, loin de là. Après la naissance, le post-partum est une phase sensible d'un point de vue émotionnel. Cela peut se traduire de plusieurs façons :

Une grande fatigue : Un bébé fait rarement ses nuits du jour au lendemain ! Il demande une attention de tous les instants, de jour comme de nuit. Et cela n’est pas de tout repos, pour la mère comme pour le père.

Le baby blues : Dû aux bouleversements hormonaux consécutifs à la naissance, le baby blues n’est pas vécu par toutes les femmes, mais ce symptôme concerne entre 50 et 80% des jeunes mères. Cette grande fragilité émotionnelle apparaît généralement entre le 2e et le 5e après l’accouchement. Elle se traduit par une humeur irritable, une instabilité émotionnelle, des troubles du sommeil, une grande fatigue, de l'anxiété et la peur de ne pas savoir s’occuper du nourrisson. Cet état s'estompe généralement au bout de quelques jours, mais peut durer quelques semaines. Dans ce cas, il faut consulter un professionnel de santé afin de s’assurer que la mère ne sombre pas dans une dépression post-partum.

La dépression post-partum : Cet état de grande souffrance psychologique n’est pas à prendre à la légère. Véritable état dépressif, elle peut toucher toutes les femmes, même sans avoir auparavant rencontré de problèmes d’ordre psychologique. La dépression post-partum concerne près de 17% des femmes la première année de la naissance. Elle peut entraîner des troubles de l’attachement entre la mère et son enfant particulièrement nocifs pour la santé du nouveau-né. La dépression post-partum exige une prise en charge médicale.

La perte de l’estime de soi : Pas simple pour les femmes de voir leurs corps changer autant en 9 mois ! Après l’accouchement, on ne récupère pas immédiatement le corps que l’on avait avant la grossesse. Les changements diffèrent selon les femmes : poitrine moins tonique, rondeurs au niveau du ventre, vergetures, etc. Autant de modifications qui ne sont pas toujours faciles à accepter. Elles peuvent impacter l’estime de soi, mais aussi la libido et le désir sexuel. C’est une des raisons pour lesquelles certaines femmes ont du mal à reprendre une activité sexuelle car elles ne se sentent pas bien dans leurs corps et/ou craignent d’être moins désirables aux yeux de leur partenaire.

Les hommes aussi : Du côté des hommes, le sexe après l’accouchement n’est pas non plus forcément chose simple. Le corps de la femme a beaucoup changé au cours de la grossesse, l’accouchement a peut-être altéré l’image de leur compagne, l’arrivée d’un bébé change tout.
Notre conseil : prenez le temps qu’il vous faudra et parlez afin de retrouver l’envie et le désir. Enfin, n’oubliez pas qu’un rapport sexuel ne se limite pas à la pénétration vaginale ! Soyez tendres, testez d’autres genres de caresses, comme le sexe oral, les massages, etc. À vous d’être imaginatifs !

Fatigue, changement de vie et de rythme, nouvelles responsabilités, parfois dépression : le bouleversement est total, d’un point de vue psychologique et hormonal. C’est pourquoi certaines femmes mettent plus de temps à reprendre une activité sexuelle. Il ne faut pas s’en inquiéter, sauf si ces symptômes durent trop longtemps et qu’une dépression, un rejet du bébé et de la vie en général semblent s’installer. Dans ce cas, il est nécessaire de consulter un.e professionnel.le de santé afin d’évoquer ces difficultés. 

Reprendre le sexe en douceur

Lorsque vous vous sentirez tous les deux prêts à la reprise des relations sexuelles, allez-y en douceur. Munissez-vous d’un lubrifiant car le post-partum rime souvent avec sécheresse vaginale, en raison d’un manque de sécrétions vaginales. Si vous vous sentez un peu stressé·e, vous pouvez tester un lubrifiant cbd.

Pour votre première relation sexuelle, misez sur des positions qui n'entraînent pas de pénétration profonde, et qui n’exercent pas de pression trop forte sur le bas-ventre et le périnée. Voici quelques suggestions :

La position de la petite cuillère : C’est peut-être une position que vous avez testée au cours de la grossesse. Vous êtes tous les deux allongés en position latérale, l’homme derrière la femme. Emboités comme deux petites cuillères, vous contrôlez les mouvements et profitez d'une pénétration peu profonde, idéale pour reprendre une activité sexuelle en douceur.

La position de l’Amazone : Dans cette configuration, la personne pénétrante est allongée sur le dos, tandis que la personne pénétrée est assise à califourchon sur son partenaire. Parfait inverse du missionnaire, vous avez le contrôle sur le rythme et sur les mouvements. Une variante est possible : assis l’un sur l’autre.

On le répète : la vie sexuelle ne se limite pas à la pénétration ! Continuez à avoir des gestes et des mots tendres. Après 9 mois de grossesse et un accouchement, les femmes peuvent se sentir mal dans leur corps car celui-ci a beaucoup changé. Reprenez confiance l’un en l’autre avec de petites attentions, et souvenez-vous qu’avant d’être parents, vous étiez déjà un couple !
La communication est essentielle pour repartir du bon pied. En aucun cas il ne faut vous forcer à avoir des rapports sexuels si vous ne vous sentez pas prêt·e, si vous avez des appréhensions et/ou des douleurs. Si des difficultés persistent, consultez sans attendre. Une impossibilité à reprendre une activité sexuelle avec pénétration ou des rapports douloureux peuvent cacher un vaginisme qui doit être pris en charge par un médecin.

Au cours de votre accouchement, vous avez subi une déchirure ou une épisiotomie ? Vous n’avez pas accouché par voie basse, mais par césarienne ? Dans ce cas, la reprise d’une activité sexuelle peut faire peur et c’est bien normal. En cas de déchirure ou d’épisiotomie, il vous faudra attendre au minimum la cicatrisation de la plaie, entre 15 jours et 5 semaines selon les cas. En cas de césarienne, attention ! Ici, l’utérus a été sectionné sur plusieurs centimètres. Un minimum d’un mois d’abstinence est requis, et c’est vraiment un minimum ! Dans tous les cas, c’est à la femme de décider quand elle se sent capable (et quand elle a envie !) de faire à nouveau l’amour avec son partenaire.

Allaiter et reprendre une activité sexuelle

Selon Santé Publique France, près de 35% des femmes allaitent exclusivement leur bébé au sein jusqu’aux deux mois de l’enfant. Une proportion importante qui n’est pas sans poser la question de la compatibilité entre sexualité et allaitement. Lorsqu’on allaite, le corps produit de l’ocytocine et de la prolactine. L’hormone de la prolactine permet la production de lait maternel, mais celle-ci n’est pas sans effet sur la libido : en cas d'hyperprolactinémie, quand le taux de prolactine est très élevé dans le sang de la mère, il y a une baisse de désir.

Par ailleurs, le rôle de la poitrine féminine n’est plus le même quand on allaite. Donner le sein à son enfant est une expression on ne peut plus imagée ! Cette zone érogène est à présent une zone maternelle. Il peut être gênant selon les personnes de sexuer à nouveau la poitrine alors qu’elle sert à nourrir bébé.
Notre conseil : parlez-en librement tous les deux et estimez la place de l’allaitement dans votre vie intime. Peut-être pourriez-vous adopter un allaitement mixte en alternant tétées au sein et biberons ? Cela peut être un moyen de retrouver des sensations sexuelles, si chacun des partenaires y consent.

Contraception et reprise du sexe

Après des mois à ne plus s’en soucier, c’est l’heure de reparler de contraception ! Même si votre libido est encore un peu en berne, il est nécessaire de savoir vers quel moyen contraceptif vous souhaitez vous tourner maintenant que vous avez accouché. Car la fertilité revient au galop après avoir donné la vie ! Il est tout à fait possible de retomber enceinte, avant même votre retour de couches, c’est-à-dire vos premières règles post-accouchement. Si vous ne souhaitez pas enchaîner trop rapidement une deuxième grossesse, parlez-en avec votre gynécologue ou votre sage-femme. Eux seuls pourront vous conseiller au mieux en fonction de vos antécédents médicaux, de votre mode de vie et de vos envies.

Et si l’envie ne revient pas ?

Vous avez accouché il y a plusieurs mois et votre libido est toujours en berne, ce qui pèse sur votre vie de couple ? Pas d’inquiétude ! Parlez-en avec votre partenaire, mais également à un.e professionnel.le de santé, qu’il soit médecin traitant, gynécologue, sage-femme ou thérapeute de couple.

Réservez-vous des moments d’intimité et si vous le pouvez, confiez votre bébé quelques heures à ses grands-parents, à des proches ou à des amis de confiance. L’important est de se retrouver l’un avec l’autre, sans oublier que vous êtes parents bien sûr, mais en vous rappelant que vous êtes aussi un couple !

Sources : L’Assurance maladie Santé Publique France

Autrice : Caroline Bédi