Les mythes sur la masturbation : se masturber présente-t-il des risques ?

La masturbation. Voilà un sujet que tout le monde (ou presque !) connaît, mais dont on a parfois du mal à parler. Un tabou accompagné de très nombreuses interrogations, peurs, et à peu près autant d’idées reçues ! Le sexe rétrécit-il à force de se masturber ? Devient-on éjaculateur précoce si on pratique cette activité sexuelle tous les jours ? Peut-on contracter des maladies à cause de la masturbation ? Bref : se masturber présente-t-il des risques ? On vous dit tout !

Le pénis peut-il rétrécir à cause de la masturbation ?

Voilà l'idée reçue numéro 1 ! Elle peut surprendre, mais beaucoup d'hommes se posent cette question. Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps : non, le sexe ne peut pas rétrécir si l’on se masturbe ! La taille du pénis varie en fonction du désir et de l'excitation sexuelle. Au cours de l'érection, les corps caverneux vont se gorger de sang, ce qui va avoir pour conséquence de rigidifier le sexe. Et plus elle sera rigide, plus elle sera longue. Une fois le plaisir atteint, le sexe va diminuer en taille et cela est absolument normal. Mais rassurez-vous : le fait de se masturber n'aura aucune influence sur la taille du pénis, que ce soit une fois par mois ou cinq fois par jour. Pas plus que ça ne vous rendra sourd (encore une autre idée reçue !).

Se masturber peut-il affecter l'érection ?

Cela dépend des personnes et de la fréquence des séances de masturbation. Soyons clairs : dans la très grande majorité des cas, il n'y a aucune conséquence sur les érections. Mais en cas de masturbation compulsive, c'est-à-dire si cette pratique sexuelle devient un besoin obsessionnel et une addiction, la qualité des érections risque d'être affectée. Il sera également plus difficile d'obtenir ces érections. Notre conseil : apprenez à connaître vos limites et besoins. Et si cela devient un problème pour vous, que vous y penser de plus en plus et que cela vous rend malheureux·se, consultez votre médecin traitant pour en parler ouvertement.

Vais-je devenir éjaculateur précoce à cause de la masturbation ?

Attention au schéma « je me masturbe souvent, je le fais rapidement, et j'éjacule tout aussi vite ». Car avant que ça ne se passe au niveau du pénis, c'est dans la tête que tout se joue ! Le risque ? Que le cerveau enregistre et répète ce mode opératoire, que la rapidité soit à chaque fois au rendez-vous, et finisse par devenir source de dysfonctionnement érectile. Car lorsqu'on éjacule précocement en se masturbant, on le fait également lors d'un rapport sexuel. Retenez que pour qu'une masturbation soit réussie, il faut compter un bon quart d'heure de caresses. Que vous ayez une vulve ou un pénis, qu'on se le dise !

Mon sperme va-t-il perdre en qualité ?

Si la pratique masturbatoire est très fréquente, la qualité du sperme sera moins bonne. Cela n'est pas un problème pour la santé, mais si vous souhaitez concevoir un enfant avec votre partenaire, mieux vaut espacer vos moments de plaisirs solitaires. Le risque ? Que le sperme soit plus clair, son volume moins important et les spermatozoïdes moins nombreux. En effet, le sperme se régénère par cycles de 72 jours. Cette spermatogenèse est essentielle pour renouveler le stock de spermatozoïdes qui, eux, vivent jusqu'à 72 heures après éjaculation à l'intérieur de la cavité vaginale.

Masturbation, maladies et infections

Se masturber peut-il donner des maladies ? Concernant les maladies et infections sexuellement transmissibles (MST et IST), attention. Si l'on s'adonne à la masturbation seul, comme dans la pratique du humping, par exemple, il n'y a aucun risque. Là où ça peut se compliquer, c'est si l'on se masturbe avec un·e partenaire, voire plusieurs. Si on ne mélange pas les sécrétions sexuelles de son/sa partenaire en cas de masturbation réciproque, les risques de transmissions sont nuls. Mais certaines infections peuvent se transmettre par l'entremise des mains. Pour éviter tout risque de contracter une infection à chlamydia, à papillomavirus (HPV) ou de l'herpès, on se lave scrupuleusement les mains avant et après toute caresse sur le sexe de l'autre. Notre conseil : avoir les ongles coupés court afin de ne pas prendre de risques inutiles. Enfin, sachez qu'il n'existe pas de risque de transmission du VIH en cas de masturbation réciproque.

Il paraît qu’on peut faire des malaises à cause de la masturbation ?

Une activité sexuelle telle que la masturbation entraine-t-elle des risques cardio-vasculaires ? Vous vous en êtes certainement déjà rendu compte : au moment de l’excitation sexuelle, le cœur bat plus fort, parfois très fort ! Ce phénomène biologique naturel est comparable à ce qu’il se passe dans notre corps en cas d’activité sportive. Mais, pour autant, est-ce dangereux ? Eh bien, à moins d’avoir des problèmes de santé, la réponse est non ! On peut donc se masturber sans craindre pour son cœur ou sa vie. Attention toutefois : si vous êtes âgé·e de plus de 55 ans et/ou si vous avez des soucis de santé, une activité sexuelle telle que la masturbation peut favoriser l’apparition de troubles cardio-vasculaires. C’est la conclusion d’une étude de l’université américaine du Michigan. Dans ce cas, on y va tout doucement ;-)

Masturbation et cancer : quels liens ?

Se masturber peut-il éloigner le risque de cancer ? C’est la question que s’est posée une très sérieuse équipe de chercheurs de Harvard et de l’université de Boston aux États-Unis. Selon cette étude américaine, expérimenter régulièrement l’orgasme pourrait contribuer à réduire les risques de développer un cancer de la prostate chez l’homme. Ces scientifiques se sont rendu compte que les personnes qui éjaculaient au moins 21 fois par mois avaient 33% de risques en moins de voir apparaître un cancer prostatique par rapport à des individus n’éjaculant que 4 à 7 fois par mois. Un phénomène qui reste toutefois non expliqué, mais qui apportent des preuves quant au rôle bénéfique de l’éjaculation, et donc de la masturbation, tout au long de la vie !

La masturbation peut-elle abîmer le sexe ?

Là encore, tout est question de nuance et de fréquence. Si vous vous masturbez plusieurs fois par jour avec des accessoires sexuels, par exemple, on ne saurait trop vous conseiller d’utiliser un lubrifiant. À base d’eau, au cbd, etc. : il existe plusieurs sortes de lubrifiant naturel. Dans le cas contraire, attention : vous pourriez en effet souffrir d’échauffements et autres inflammations liées aux frottements. Mais si vous avez une pratique masturbatoire régulière, vous ne devriez pas ressentir de douleurs. Dans tous les cas, vous n’abîmerez pas votre sexe. En cas de doutes et d’interrogations, posez toutes vos questions à votre médecin traitant qui sera à même de vous rassurer.

Et les femmes et personnes à vulve dans tout ça ?

Parce que depuis le début de cet article, on parle beaucoup de verges et de pénis, mais les femmes aussi se masturbent ! Ont-elles des risques de le faire ? Eh bien, pas davantage que les personnes à pénis ! Ce qui est valables pour les unes, est valable pour les autres. Donc, tant que cette pratique vous fait du bien, vous pouvez y aller les yeux fermés (façon de parler !). En conclusion, rappelez-vous que la masturbation est une pratique normale, naturelle, saine et bénéfique pour la santé à bien des égards. Si vous êtes à risque(s), parlez-en avec votre médecin. Dans le cas contraire, le seul risque, c'est sans doute de vous faire du bien ! ;-)

Sources :
Transmission du sida : vrais risques et idées fausses
Sida Info Service : quels risques en cas de masturbation ou de frottements ?
Étude de l’université du Michigan
Étude de l’université de Boston

Autrice : Caroline Bédi
Crédit photo : My Lubie